lundi 15 septembre 2014

15h28

Elle marche dans la rue, le sourire aux lèvres mais le regard triste. Elle porte un jean et une chemise à carreaux. Ses pieds sont nus, ses cheveux en liberté. Elle marche d'un pas pressé, avec certitude, les bras croisés ou les mains dans les poches. Le trottoir fourmille de passants mais aucun ne la bouscule. Tous s'esquivent sur son passage tant elle fixe en elle les sentiments abstraits. Quelques fois, ses pieds s'écrasent dans des flaques d'eau, résidus de l'orage passé, sans que cela ne la fasse réagir. Aucun obstacle ne semble pouvoir la perturber. Elle avance. Il lui arrive juste, en de rares occasions, de lever les yeux au ciel, apercevoir les nuages. Sans ralentir son allure, elle s'engouffre dans un immeuble, préfère les escaliers à l'ascenseur. Elle sonne à une porte, la mienne.

J'espère que je suis à pour lui ouvrir.

lundi 8 septembre 2014

Huit Secondes

4h du matin. Une ruelle sombre à l'arrière d'un bar sordide à Paris, New-York où Varsovie. Des odeurs de sangs, de spermes et de sueurs. Symbole d'une génération. Une fille est assise à même le sol, un verre vide à la main. Son chignon est défait, ses dents accidentées, ses collants déchirés. Pourtant c'est bien elle, et elle seule, qui empêche cet endroit de virer dans le glauque absolu. Je m'installe à ses côtés au mépris de tout respect pour mon pantalon et mon amour propre. Je lui lance quelques phrases sans qu'elle ne daigne me répondre. Elle allume une cigarette, tire quelques lattes, la tapote sur le rebord de son verre pour en éliminer les cendres devenues inutiles puis me la tend. "Tiens, c'est une Marlboro" Je ne fume que des Lucky mais je décide de ne pas faire le difficile. Tous les deux au bout de la même cigarette, nos salives se mélangent sous nicotine. Une fois le mégot écrasé sous ses ballerines, elle se lance dans un  monologue que je n'écoute qu'à moitié, beaucoup plus captivé par le mouvement de ses lèvres que par les sons qui en sortent.
"Le monde est peuplé de merdeux" 
" Je devrais reprendre la psychanalyse"
"Tu es déjà allé à Reykjavik?"
Elle finit par se lever, réajuste son décolleté. Son mascara est victime de la pluie qui commence à tomber. Elle retourne à l'intérieur, je regarde ses jambes jusqu'à ce qu'elles franchissent la porte.

Je sors de cette ruelle, monte dans un taxi.
Des gouttes d'eau s'écrasent sur la vitre.
Magic, de Coldplay s'échappe de l'auto-radio

Je crois que je suis heureux.