samedi 1 juin 2013

Agnieszka

 J'ai rencontré Agnieszka à Glastonbury. 
Bagarre générale lors du concert des Kasabian, j'interviens pour la défendre d'un anglais aussi bourré que raciste. Pour seul remerciement elle me crache au visage, m'affirmant qu'elle pouvait très bien se défendre toute seule. J'ai immédiatement su que j'allais passer quelques années avec cette fille. 
Première étreinte, la langue des Stones tatouée sur sa cuisse achève de me convaincre. La blancheur de sa peau, les cernes sous son regard, au sein duquel dureté et beauté s'enlacent,  la noirceur de ses cheveux, tout en elle me rappelle Saint Pétersbourg. Je ne pouvais m'empêcher de rêver de nuits blanches où l'idéal de ses jambes viendrait illuminer le gris des bâtiments et où la chaleur de ses mots ferait apparaitre le crépuscule.
Elle était comme un accident de voiture  et à l'heure où les femmes sont devenues aussi connes que les hommes, c'était une véritable lueur d'espoir.

Agnieszka m'a suivi à Lyon, nous avons investi un deux pièces dans une artère de Bellecour. Chaque matin, elle avait pris l'habitude de se lever avant le soleil afin de voir, au loin, ses premiers rayons illuminer la Tour Crayon. Elle trouvait ce spectacle magnifique pendant que je m'exaspérais d'être réveillé si tôt. Mais comme elle me laissait m'anéantir sur ses lèvres, je lui pardonnais. Ca et le reste aussi. Car Agnieszka était maniaque. Elle ne supportait pas que je m'ouvre les veines pour écrire de mon sang des phrases stupides sur les murs. 

Je suis un bébé Joy Division. 

Mais un matin, après une nuit de sueur et de vodka, j'ai fait mon sac et, enfourchant mon Vespa obsolète, je suis parti.

J'étais arrivé au point de rupture.
Agnieszka avait cette manie, 
ce véritable TOC autant insurmontable qu'irrévocable,

elle était amoureuse de moi.

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