samedi 11 mai 2013

La Fille de Stuttgart

Lyon, 2ème arrondissement, 06h30.

Deux hommes sortent du métro, sens inverse de la foule. Habillés en costards, des cernes sous les yeux. Ils tournent à droite, s'arrêtent devant le petit bonhomme rouge malgré l'absence de circulation. Le premier sort une cigarette de sa poche intérieure , y met le feu et la passe instinctivement au second, sans avoir pris le temps de la consummer. Regards complices et fumée commune, ils traversent et se rendent devant un coffee-shop.
"- Tu crois qu'il y a des vies où il ne se passent rien?
- La plupart.
- Les nôtres ?
- La tienne je ne sais pas.
- Si je meurs demain, invente moi un passé. Raconte que l'on m'a aimé. Des filles formidables. Raconte que j'ai vécu des choses extraordinaires, et pas uniquement pendant mes hallucinations sous crack. Tu promets ?
- Promis.
- Je ferai pareil si tu veux.
- Je n'ai jamais dis qu'il ne s'était rien passé dans ma vie."

Une nouvelle cigarette prend vie devant l'entrée et le tranfert de clients.

"- Tu veux qu'on aille à Deauville ?
- Qu'est ce qu'on irait foutre à Deauville ?
- Allez, ça fait longtemps! Juste un weekend. On ne parlera de rien de sérieux. On ira déambuler sur la plage en jean's et marinière pour courir après les mouettes. On passera la soirée enfermés dans la chambre d'hôtel à écouter Kasabian en buvant du vin millésimé. Ce sera beau, je suis sûr qu'il va pleuvoir sur Deauville.
- On irait avec elle?
- Evidemment."
D'un geste désinvolte la Marlboro Light se transforme en mégot.

Une fille arrive, dépose un baiser sur la joue de chaque garçon. Son sourire fait naitre le leur.
"- Gehen Wir ?"


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