dimanche 6 mai 2012

Le rêve pourpre

Un café au comptoir. Quelques cigarettes. Et Nina, serveuse inamovible, dont le monologue scande mon petit déjeuner d'un goût amer.

"Tu devrais arrêter de fumer. Et dormir aussi, t'as vu tes cernes? T'es déjà allé au Danemark ? J'ai vu un reportage sur la TNT hier, c'est joli. En parlant de ça, j'ai vu Mathieu l'autre soir. En boîte. Tu te souviens de Mathieu ? On était à la fac ensemble. Il est photographe maintenant, il vit à Helsinki. Je sais Helsinki c'est en Finlande pas au Danemark mais voilà, c'est le Nord quoi. On a fait l'amour dans les toilettes. Enfin on a baisé plutôt. Il s'est vachement amélioré en dix ans. Et puis ça a l'air de bien marcher pour lui, quand je lui ai dit  que j'étais serveuse il a voulu me payer. Je suis pas une pute mais bon, je pourrai au moins payé mon loyer ce mois ci. T'es toujours au RSA toi ? Faudrait qu'on se fasse un resto' un de ces jours. Je paierai, t'en fais pas."

Mon silence de l'interrompt pas. Je ne suis même pas sur qu'elle l'ait remarqué.

"Tu penses toujours à elle? Ca fait deux ans maintenant, tu devrais passer à autre chose. Tu sors un peu? Regarde la brune au coca light sur la terrasse , c'est ton genre non? Va lui parler!"

C'est vrai qu'elle était belle, un regard rieur et un rouge à lévres framboise, véritable hymne à l'indécence. Ses jambes croisées faisaient apparaitre le haut de ses bas provoquant chez moi une envie intense de tomber amoureux. Un instant j'ai voulu l'aborder, lui emprunter son lipstick afin d'écrire un poème à même sa peau et lui laisser mon numéro en tatouage sur sa clavicule gauche. Mais j'ai finalement soupiré, allumé une nouvelle cigarette et recommandé un café.

"Tu n'as plus de courage. Tu es devenu lâche."

J'ai toujours su que l'amour laissait des traces.

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