lundi 27 octobre 2014

Viou

   La blancheur de sa peau, les cernes sous son regard au sein duquel dureté et beauté s'étreignent, la blondeur de ses cheveux, tout en elle me rappelle Saint-Pétersbourg. Je ne peux m’empêcher de rêver de nuits blanches où l'idéal de ses jambes viendrait illuminer le gris des bâtiments et où la chaleur de ses mots ferait apparaitre le crépuscule.
  Et ce soir, dans la lueur des néons de cette sordide boite de nuit, je voudrais croquer ses lèvres et unir nos destins mais je crois que je vais attendre un peu,

que la neige vienne s'écraser dans la paume de sa main.

lundi 15 septembre 2014

15h28

Elle marche dans la rue, le sourire aux lèvres mais le regard triste. Elle porte un jean et une chemise à carreaux. Ses pieds sont nus, ses cheveux en liberté. Elle marche d'un pas pressé, avec certitude, les bras croisés ou les mains dans les poches. Le trottoir fourmille de passants mais aucun ne la bouscule. Tous s'esquivent sur son passage tant elle fixe en elle les sentiments abstraits. Quelques fois, ses pieds s'écrasent dans des flaques d'eau, résidus de l'orage passé, sans que cela ne la fasse réagir. Aucun obstacle ne semble pouvoir la perturber. Elle avance. Il lui arrive juste, en de rares occasions, de lever les yeux au ciel, apercevoir les nuages. Sans ralentir son allure, elle s'engouffre dans un immeuble, préfère les escaliers à l'ascenseur. Elle sonne à une porte, la mienne.

J'espère que je suis à pour lui ouvrir.

lundi 8 septembre 2014

Huit Secondes

4h du matin. Une ruelle sombre à l'arrière d'un bar sordide à Paris, New-York où Varsovie. Des odeurs de sangs, de spermes et de sueurs. Symbole d'une génération. Une fille est assise à même le sol, un verre vide à la main. Son chignon est défait, ses dents accidentées, ses collants déchirés. Pourtant c'est bien elle, et elle seule, qui empêche cet endroit de virer dans le glauque absolu. Je m'installe à ses côtés au mépris de tout respect pour mon pantalon et mon amour propre. Je lui lance quelques phrases sans qu'elle ne daigne me répondre. Elle allume une cigarette, tire quelques lattes, la tapote sur le rebord de son verre pour en éliminer les cendres devenues inutiles puis me la tend. "Tiens, c'est une Marlboro" Je ne fume que des Lucky mais je décide de ne pas faire le difficile. Tous les deux au bout de la même cigarette, nos salives se mélangent sous nicotine. Une fois le mégot écrasé sous ses ballerines, elle se lance dans un  monologue que je n'écoute qu'à moitié, beaucoup plus captivé par le mouvement de ses lèvres que par les sons qui en sortent.
"Le monde est peuplé de merdeux" 
" Je devrais reprendre la psychanalyse"
"Tu es déjà allé à Reykjavik?"
Elle finit par se lever, réajuste son décolleté. Son mascara est victime de la pluie qui commence à tomber. Elle retourne à l'intérieur, je regarde ses jambes jusqu'à ce qu'elles franchissent la porte.

Je sors de cette ruelle, monte dans un taxi.
Des gouttes d'eau s'écrasent sur la vitre.
Magic, de Coldplay s'échappe de l'auto-radio

Je crois que je suis heureux. 

lundi 24 juin 2013

60.10 / 25.0

Assis sur le parquet de ta chambre
Tango de Saez dans les enceintes
J'entends ta respiration
Devine tes sanglots
Je sors une cigarette
Tu me craques une allumette
M'enjambes pour ouvrir la fenêtre
Puis te rassieds en tailleur, dos au mur.
Je sors un calepin de ma poche
Te fais un dessin à l'aide de mes cendres
Te le fais glisser à même le sol.
Tu le ramasses et l'observes
Réajustes une mèche de tes cheveux derrière ton oreille
J'aperçois ton sourire à la lueur de ma Lucky Strike.
Je me rapproche de toi
Essuie tes larmes de mon pouce.

J'ai hâte que tu m'embrasses.




samedi 15 juin 2013

Tolosa

Elle dort encore. Ses cheveux ont désertés son cou mais aussi sa clavicule gauche. J'y déposerai un baiser si j'en avais le talent. Je la regarde dormir, adossé à la fenêtre, cigarette à la bouche. Le bonheur envahit la pièce, se mélant à ce je ne sais quoi d'exceptionnellement beau et convulsif qui s'émane d'elle y compris durant son sommeil.

Lentement, elle se réveille, ouvre délicatement ses yeux dont je cherche immédiatement la présence. Elle s'étire, s'assied en tailleur sur le lit, son visage est embrumé. Elle finit par se lever, se blottit contre la chaleur du radiateur. Son sourire fait naître le mien, son regard empli de malice, ses lèvres s'entrouvrent.

"On va petit-déjeuner ? "

samedi 8 juin 2013

Schlossgarten

"Est ce que tu es heureux ?" 

Je ne m'attendais pas à cette question. Je n'ai pas su quoi répondre alors j'ai légérement haussé le coin gauche de mes lèvres, caressé une mèche de ses cheveux et j'ai fui. J'ai traversé le parc à la recherche d'une sortie, retrouver l'agitation de la ville et acheter des cigarettes.
De retour au jardin, j'ai fumé la totalité du paquet en un élan, vagabondant, regardant l'eau des fontaines s'écouler. Et puis je suis revenu à elle. En montant les escaliers je l'ai vu apparaitre, petit à petit. J'ai pris mon temps sur les marches, savourant cete apparition et le bonheur qui en découle. Assise en tailleur, elle dostoievskinne. Je m'installe à ses cotés, la laisse finir son chapitre, attends son regard.

"Globalement,
Non."

samedi 1 juin 2013

Agnieszka

 J'ai rencontré Agnieszka à Glastonbury. 
Bagarre générale lors du concert des Kasabian, j'interviens pour la défendre d'un anglais aussi bourré que raciste. Pour seul remerciement elle me crache au visage, m'affirmant qu'elle pouvait très bien se défendre toute seule. J'ai immédiatement su que j'allais passer quelques années avec cette fille. 
Première étreinte, la langue des Stones tatouée sur sa cuisse achève de me convaincre. La blancheur de sa peau, les cernes sous son regard, au sein duquel dureté et beauté s'enlacent,  la noirceur de ses cheveux, tout en elle me rappelle Saint Pétersbourg. Je ne pouvais m'empêcher de rêver de nuits blanches où l'idéal de ses jambes viendrait illuminer le gris des bâtiments et où la chaleur de ses mots ferait apparaitre le crépuscule.
Elle était comme un accident de voiture  et à l'heure où les femmes sont devenues aussi connes que les hommes, c'était une véritable lueur d'espoir.

Agnieszka m'a suivi à Lyon, nous avons investi un deux pièces dans une artère de Bellecour. Chaque matin, elle avait pris l'habitude de se lever avant le soleil afin de voir, au loin, ses premiers rayons illuminer la Tour Crayon. Elle trouvait ce spectacle magnifique pendant que je m'exaspérais d'être réveillé si tôt. Mais comme elle me laissait m'anéantir sur ses lèvres, je lui pardonnais. Ca et le reste aussi. Car Agnieszka était maniaque. Elle ne supportait pas que je m'ouvre les veines pour écrire de mon sang des phrases stupides sur les murs. 

Je suis un bébé Joy Division. 

Mais un matin, après une nuit de sueur et de vodka, j'ai fait mon sac et, enfourchant mon Vespa obsolète, je suis parti.

J'étais arrivé au point de rupture.
Agnieszka avait cette manie, 
ce véritable TOC autant insurmontable qu'irrévocable,

elle était amoureuse de moi.

samedi 18 mai 2013

Les Roses Russes sont forcément rouges

"- J'aime sentir tes yeux posés sur moi. Tu as une jolie rage.
- Ah bon?
- Oui. Je te sens usé. Tu es empli d'une tristesse permanente que le temps aggrave, seconde après seconde.
- Tu m'allumes une cigarette ?
- Tu ne peux pas le faire tout seul?
- Je préfère avoir le goût de tes lèvres quand je fume.
- Je voudrais tant que tu me parles, que tu m'expliques pourquoi. Pourquoi le quotidien t'écorche à ce point. A vif. Pourquoi ton âme a déserté aux louanges des nuages. Pourquoi tes pensées plongent ton coeur dans un bain de sang. Il y a tant de questions auxquelles je n'ai pas de réponse. Je voudrais tant que tu m'aides.
- Il n'y a rien que tu puisses comprendre.
- Raconte moi ta ville au moins.
- Lyon c'est comme Paris.
Mais en beau.
- Tu m'aimeras autant un jour?
- Non.
Evidemment que non.
- On a une durée limitée nous deux, pas vrai?
- Je n'ai jamais rien dit de tel.
- Peut-être, mais je le sais. Tu ne m'aimes pas, je l'ai toujours su. Pour autant je n'ai pas pu te résister, encore moins me passer de toi. Mais je ne suis qu'une pommade que tu appliques sur tes plaies pour atténuer les douleurs qui t'animent. Et comme tout médicament, un jour tu te lasseras de moi, je ne ferais plus effet. Alors, au milieu de la nuit, je le sais, tu t'en iras.
- Arrête.
- Promets moi juste une chose, quand tu décideras de partir, ne me préviens pas. Embrasse moi dans mon sommeil, d'un baiser tendre et, dans la froide déchéance de la nuit, n'oublie pas de fermer la porte en sortant."

samedi 11 mai 2013

La Fille de Stuttgart

Lyon, 2ème arrondissement, 06h30.

Deux hommes sortent du métro, sens inverse de la foule. Habillés en costards, des cernes sous les yeux. Ils tournent à droite, s'arrêtent devant le petit bonhomme rouge malgré l'absence de circulation. Le premier sort une cigarette de sa poche intérieure , y met le feu et la passe instinctivement au second, sans avoir pris le temps de la consummer. Regards complices et fumée commune, ils traversent et se rendent devant un coffee-shop.
"- Tu crois qu'il y a des vies où il ne se passent rien?
- La plupart.
- Les nôtres ?
- La tienne je ne sais pas.
- Si je meurs demain, invente moi un passé. Raconte que l'on m'a aimé. Des filles formidables. Raconte que j'ai vécu des choses extraordinaires, et pas uniquement pendant mes hallucinations sous crack. Tu promets ?
- Promis.
- Je ferai pareil si tu veux.
- Je n'ai jamais dis qu'il ne s'était rien passé dans ma vie."

Une nouvelle cigarette prend vie devant l'entrée et le tranfert de clients.

"- Tu veux qu'on aille à Deauville ?
- Qu'est ce qu'on irait foutre à Deauville ?
- Allez, ça fait longtemps! Juste un weekend. On ne parlera de rien de sérieux. On ira déambuler sur la plage en jean's et marinière pour courir après les mouettes. On passera la soirée enfermés dans la chambre d'hôtel à écouter Kasabian en buvant du vin millésimé. Ce sera beau, je suis sûr qu'il va pleuvoir sur Deauville.
- On irait avec elle?
- Evidemment."
D'un geste désinvolte la Marlboro Light se transforme en mégot.

Une fille arrive, dépose un baiser sur la joue de chaque garçon. Son sourire fait naitre le leur.
"- Gehen Wir ?"


samedi 30 mars 2013

Le Combat ordinaire

Il est 05 heures, je me lève dans un réflexe, les yeux encore fermés. Je passe aux toilettes, prépare un café , allume une clope et la télé comme un putain d'automate. Je zappe frénétiquement pour finalement m'anéantir devant les clips d'M6. Je suis déjà en retard, obligé de courir pour attraper le métro, les Stones hurlant dans les oreilles. Je traverse la ville comme un fantôme, arrive à l'usine juste à l'heure. 8 Heures devant le même atelier à répéter les mêmes gestes. J'exécute sans réfléchir. Mon corps est dans une routine insignifiante mais mon âme est ailleurs. Je revois Varsovie sous la neige, ton sourire framboise et des tangos à n'en plus finir. Mais le songe est éphémère, le patron nous sommes d'augmenter la cadence. Aller plus vite, toujours plus vite. Il faut sacrifier ta santé et ta dignité pour que les actionnaires remplissent leurs piscines intérieures de putes tchèques à peine majeures. Il paraît que la révolte gronde, que le peuple en a marre mais je ne vois rien venir. Je ne vois rien d'autre que de la résignation et du désespoir dans les yeux des collègues. Et dans les miens aussi. Il n'y a plus d'idéaux, plus de rêve auquel se raccrocher. Juste une question de survie, sans éclat et sans joie. Alors j'attends. J'attends la fin de la journée, me retrouver au bar entre amis. Quelques clopes, quelques bières, des discussions footballistiques au comptoir et des voyages à la térébenthine dans l'intimité des toilettes. Quelques heures de répit.
J'ai la délicate sensation que pour l'instant l'horloge se fout de ma gueule alors je recharge mon agrapheuse comme on rechargerait un flingue en sachant très bien qu'un jour ou l'autre tout cela finira mal.


jeudi 13 septembre 2012

Lettre à ...

Je suis cette ville qui s'endort dans la symphonie des sirènes. Je suis le vent qui caresse tes jambes nues, cet instant qui transforme l’éphémère en éternité. Je suis le sourire de cet enfant, l'espoir réfugié dans l'innocence. Je suis ce paradis teinté de rouge devant l'enfer blanc. Je suis les lèvres de la femme amoureuse, les gouttes de sang qui peuplent nos rivières. Je suis cette sensibilité à fleur de peau qui ne supporte pas la confrontation au monde. Je suis ces larmes qui coulent le long de tant de joues, cette chanson que l'on fredonne sans comprendre les paroles. Je suis la flamme qui refuse de s'éteindre. Je suis cette guitare qui passe de mains en mains, ces paradis artificiels à la recherche d'un bonheur illusoire. Je suis ce nuage qui s'oppose à la force du vent.



Te souviens tu de moi ?

samedi 23 juin 2012

Banquette arrière d'un taxi aux vitres teintées
Du rimel le long des joues d'une pute cocainée
Du rouge à lévres, des collants déchirés.
J'aimerais rire, pleurer, crier
Juste me sentir exister.
Je lui ordonne de danser,
Ses va et vient désordonnés
Sur mon corps anesthésié
N'ont pas l'effet escompté.
Ma main caresse ses cheveux, désabusée.
Par la vitre j'aperçois la pluie m'accabler.
Dans une navrante banalité
Je lui sors quelques billets
Comme une éphémère sérénité.
La nuit finit toujours pas triompher

Interdiction de fumer

dimanche 6 mai 2012

Le rêve pourpre

Un café au comptoir. Quelques cigarettes. Et Nina, serveuse inamovible, dont le monologue scande mon petit déjeuner d'un goût amer.

"Tu devrais arrêter de fumer. Et dormir aussi, t'as vu tes cernes? T'es déjà allé au Danemark ? J'ai vu un reportage sur la TNT hier, c'est joli. En parlant de ça, j'ai vu Mathieu l'autre soir. En boîte. Tu te souviens de Mathieu ? On était à la fac ensemble. Il est photographe maintenant, il vit à Helsinki. Je sais Helsinki c'est en Finlande pas au Danemark mais voilà, c'est le Nord quoi. On a fait l'amour dans les toilettes. Enfin on a baisé plutôt. Il s'est vachement amélioré en dix ans. Et puis ça a l'air de bien marcher pour lui, quand je lui ai dit  que j'étais serveuse il a voulu me payer. Je suis pas une pute mais bon, je pourrai au moins payé mon loyer ce mois ci. T'es toujours au RSA toi ? Faudrait qu'on se fasse un resto' un de ces jours. Je paierai, t'en fais pas."

Mon silence de l'interrompt pas. Je ne suis même pas sur qu'elle l'ait remarqué.

"Tu penses toujours à elle? Ca fait deux ans maintenant, tu devrais passer à autre chose. Tu sors un peu? Regarde la brune au coca light sur la terrasse , c'est ton genre non? Va lui parler!"

C'est vrai qu'elle était belle, un regard rieur et un rouge à lévres framboise, véritable hymne à l'indécence. Ses jambes croisées faisaient apparaitre le haut de ses bas provoquant chez moi une envie intense de tomber amoureux. Un instant j'ai voulu l'aborder, lui emprunter son lipstick afin d'écrire un poème à même sa peau et lui laisser mon numéro en tatouage sur sa clavicule gauche. Mais j'ai finalement soupiré, allumé une nouvelle cigarette et recommandé un café.

"Tu n'as plus de courage. Tu es devenu lâche."

J'ai toujours su que l'amour laissait des traces.

jeudi 22 mars 2012

Sarajevo mon amour

C'est étrange comme prénom. Etrange mais beau.

Je crois que j'ai instantanément été intrigué par cette fille. Elle était paumée, ses yeux inondés d'une tristesse irrévocable. Sa peau d'une blancheur immaculée contrastait violemment avec la noirceur naturelle de ses cheveux qu'elle portait jusqu'à la nuque avec une frange qui accentuait son regard tout aussi noir. Elle fuyait la confrontation visuelle comme pour nous épargner sa peine. Je crois que c'était aussi une façon de fuir un éventuel échange verbal , une manière physique de dire "Je n'ai pas envie de vous parler, laisser moi seule me consumer de ce mal être".

Cela ne m'a pas découragé et je l'ai quand même invité, pas directement mais de quelques mots griffonnés sur une serviette en papier "Viens avec moi en haut de la colline, on va toucher les nuages." J'ai eu peur que jamais elle ne me rejoigne mais elle est venue et ce fut poétiquement convulsif. Nous nous sommes régulièrement revus et je crois qu'elle tombait amoureuse de moi. Pour autant la mélancolie de son regard n'avait pas disparu. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire. Je n'avais jamais eu la prétention de la rendre heureuse et je concède que son désespoir permanent m'aidait à assumer mes angoisses et cette lourdeur qui émane de moi. J'ai toujours été dans l'incapacité d'affronter le quotidien un sourire aux lèvres et la présence de Sarajevo, si elle ne m'aidait pas à trouver une certaine quiétude , m'apportait une liberté mentale dans ce mal être. Sa tristesse permettait à la mienne d'exister librement,

et réciproquement.

Un jour, alors que j'étais certain des sentiments de Sarajevo, j'ai essayé de me persuader de mon amour pour elle. Chaque soir, fumant une cigarette et regardant les étoiles je me répétais inlassablement "J'aime Sarajevo. J'aime Sarajevo. J'aime Sarajevo." Mais si mon cerveau fut convaincu, mon coeur, lui, ne cessait de battre une ancienne idylle pourpre comme l'enfer.

Je devais l'honnêteté à Sarajevo et lui avoua "Je ne t'aimerai jamais que du cerveau". Elle esquissa un léger sourire et d'une voix douce mais quasiment inaudible, me répondit "Je t'aime". Et pour la première fois depuis notre rencontre je vis jaillir de ses yeux noirs une larme couleur sang qui dévala le long de sa joue avant de s'écraser sur le sol dans un bruit sourd .

Sarajevo rentra chez elle, seule, et j'eus alors l'abominable sensation d'avoir fait verser la goutte de tristesse de trop, celle qui fera déborder son coeur.

Le soir même j'ai voulu m'excuser, la prendre dans mes bras et lui susurrer des poèmes d'Aragon à l'oreille.

Je n'en ai pas eu le temps.

A peine rentrée dans son appartement,

Sarajevo s'est suicidée.

Je ne l'ai jamais embrassé.

jeudi 21 avril 2011

Post Kao

000000Il est cinq heures, sortie de boîte, glauque, comme le sont toutes les fins de nuits. Les éclairages publics illuminent tes seins, tes yeux scintillent comme l'éclairage d'un bordel. J'aimerai te faire l'amour, là, tout de suite contre ce mur recouvert d'affiches, à toi et à toutes tes copines planche à pain qui s'habillent comme des putains. Tu n'es pas certaine d'en avoir envie, je ne me souviens pas avoir demandé ton avis.
Dans un sourire gentleman je décide de te raccompagner. Nous arpentons les artères désertes de la rive droite, le long des berges du Rhône nous nous arrêtons regarder les étoiles. Assis sur un muret je pose ma main contre ta nuque. Tu prends cela pour un geste romantique et je profite de ta mièvrerie pour écraser violemment ton visage contre les pierres. Je répète ce geste quatre ou cinq fois, je ne sais plus très bien. Je traîne rapidement ton corps au fond d'une ruelle, à l'abri de tous regard et commence à déchirer ta robe puis tes collants, tu ne portes pas de soutien-gorge. Mes mains caressent tes seins, tes jambes, ton ventre, j'aimerai embrasser chaque centimètre de ton corps mais je n'en ai pas le temps. Je sors mon sexe déjà en érection et te pilonne violemment. J'aurai aimé venir en toi mais c'est un coup à passer vingt ans en vacances forcées alors je m'exécute sur ton visage tuméfié. Le sperme ne se mélange pas au sang mais flotte à sa surface, on dirait un œuf au plat. Tu pousses un râle, je te croyais morte et suis de fait beaucoup moins excité. Je t'achève au cutter puis pisse sur ton cadavre encore chaud que j'essuie ensuite d'un kleenex que je brule immédiatement. Je pourrai te laisser là, les flics te retrouveraient, te prendraient pour une pute tabassé par son mac car défraichie et classeraient l'affaire, mais j'ai vu tous les épisodes des Experts Miami ou Dunkerque et je préfère ne pas prendre de risque. Je t'installe sur mon dos, nous parcourons quelques dizaines de mètres et je te jette dans le fleuve. Avec un peu de chance tu navigueras jusqu'à Martigues et personne ne remontera jusqu'à moi. Mon costume est taché, ce qui me donne quelques remords. Tout aurait pu être différent si tu y avais mis un peu du tien.
Le jour se rapproche, les lumières du métro s'animent, il faut vite que je rentre chez moi.
J'ai une furieuse envie de me branler.